Delta de l’Okavango, merveille de la nature

Par Sandrine Bavard

« Le fleuve qui n’atteint jamais la mer » est un mythe pour beaucoup de voyageurs. Et comme on les comprend : le Delta de l’Okavango, au Botswana, est un territoire sauvage qui offre des paysages uniques au monde et abrite une faune et une flore exceptionnelles.

Le delta de l’Okavango, au nord-ouest du Botswana, est devenu en 2014 le millième site inscrit sur la Liste du patrimoine mondial de l’UNESCO. Ce site naturel est un endroit merveilleux où le fleuve Okavango rencontre le désert du Kalahari, constituant un paysage hors du commun, constitué de marécages, de lagons, de canaux, d’îles et de prairies inondables.


L’Okavango, le troisième plus grand fleuve d’Afrique australe, long de 1700 km, prend sa source en Angola puis traverse la Namibie avant d’arriver au Botswana : un accident géologique fait qu’il s’assèche dans le désert de Kalahari au lieu d’aboutir dans l’océan Indien. On l’appelle « le fleuve qui n’atteint jamais la mer ! ».

Un site hors du commun

Il forme ainsi le delta intérieur de l’Okavango, vaste de 15 000 km² environ, le second delta intérieur le plus grand du monde après celui du Niger. Sur les images satellites, le delta de l’Okavango ressemble à un arbre aux multiples racines. A plus basse altitude, à vol d’oiseau pourrait-on dire, les méandres du fleuve dessinent des formes géométriques saisissantes et se perdent dans une sorte de labyrinthe aquatique.


C’est un paysage mouvant qui évolue au fil de la montée et du retrait des eaux qui se produisent chaque année. Les inondations débutent en juillet, en plein cœur de la saison sèche – un paradoxe : « Une des caractéristiques uniques de ce site est que les crues annuelles se produisent en saison sèche, de sorte que les plantes et les animaux ont synchronisé leur rythme biologique avec les crues et les pluies annuelles. C’est un exemple exceptionnel de l’interaction des processus climatiques, hydrologiques et biologiques « , commente l’Unesco sur son site internet.

Des animaux en abondance

Le delta de l’Okavango, que la main de l’homme n’a pas encore altéré, est l’un des écosystèmes humides les plus diversifiés en Afrique australe. Il possède une faune exceptionnelle. On y croise les grands mammifères : éléphants, hippopotames, buffles, zèbres, girafes… Parmi eux, des espèces de plus en plus menacées, telles que le rhinocéros blanc et le rhinocéros noir, réintroduits récemment, et permettant de voir les  » big five », ces cinq mammifères recherchés par les chasseurs et les amateurs de safaris-photos : le lion, le léopard, l’éléphant, le rhinocéros noir, le buffle.


Comme l’herbe est abondante tout au long de l’année, on y trouve aussi de nombreuses espèces d’antilopes : le Cobe de Lechwe, le topi, l’impala, l’hippotrague noir, le sitatunga… Et qui dit antilopes, dit prédateurs : guépards, lions, hyènes, chacals, servals et, plus rares, les lycaons, les chiens sauvages africains, viennent chasser sur ces terres….

Un paradis pour les oiseaux

Le delta est aussi un paradis pour les oiseaux. Il abrite plus de 400 espèces : guêpiers, passereaux, calaos, chouettes, aigles… Les oiseaux d’eau abondent bien sûr : aigle pêcheur, martin-pêcheur, ombrette…, tout comme les échassiers : grues, pluviers, cigognes, hérons, ibis…


Les petits oiseaux colorés attirent l’œil des photographes, comme le guêpier nain avec sa belle robe verte et jaune, ou le rollier à long brins, à la parure multicolore…


On peut immortaliser des scènes incongrues : un échassier établi sur un figuier aquatique, une grenouille accrochée à un papyrus, un pique-boeuf posé sur les cornes d’une antilope…


On peut apercevoir aussi des oiseaux plus rares comme la Chouette-pêcheuse de Pel qui se nourrit exclusivement de poissons, batraciens, crustacés…

Une végétation remarquable

La végétation n’est pas en reste. L’émerveillement est au rendez-vous devant des arbres à saucisses, des palmiers, des acacias, des sycomores, des ficus, des mopanes…


On pourra s’extasier encore devant un baobab, l’arbre qui peut vivre jusqu’à mille ans et qui résiste à l’assaut des éléphants qui viennent racler son tronc à la période sèche pour en extraire des écorces gorgées d’eau et de minéraux. On pourra aussi admirer le fameux Marula, qui donne des fruits au goût de noisette dont raffolent les éléphants, et sert aussi à élaborer de la crème d’Amarula (liqueur proche du Bailey’s) ou des huiles de beauté en cosmétique.


La végétation offre ainsi ses différents visages : austère, au centre des mul-tiples îles, où il n’y a que des croûtes de sel formées après l’évaporation de l’eau ; flamboyant, le long des canaux, où il faut se frayer un passage entre les papyrus, les roseaux, les nénuphars, les iris des marais à la belle saison…

Un espace protégé

On comprend que les autorités veuillent préserver ce trésor de la nature. Un tiers de la superficie du delta de l’Okavango a été déclaré réserve naturelle. Celle de Moremi, à l’ouest du delta, est la plus ancienne du Botswana et la première à avoir été soutenue par des tribus locales, en l’occurrence par le peuple Batawana de Ngamiland. La veuve du chef Moremi décida en 1963 de proclamer son territoire réserve naturelle pour contrer les effets néfastes de la chasse et de l’élevage du bétail, qui nuisaient à la faune et à la flore locale. Les populations furent ensuite expulsées de cette réserve par le gouvernement et se sont établies dans le village de Kwhai.

Aujourd’hui, la réserve de Moremi est considérée comme l’une des plus belles d’Afrique australe, parce qu’elle offre une diversité de paysages (savanes, forêts, plaines inondées, zones marécageuses, lagons..) et une très grande concentration d’animaux (éléphants, zèbres, girafes, lions, phacochères…). C’est particulièrement vrai à Chief’s Island, une des plus célèbres îles du delta de l’Okavango, qui était autrefois le terrain de chasse royal du chef Moremi.

Une virée en mokoro, pirogue traditionnelle

Dans le delta de l’Okavango, l’endroit où vous dormirez est déjà en soi un dépaysement : un camp sur une île, un camp sur pilotis, un lodge de luxe, ou sous une simple tente… Comme dans les autres réserves naturelles d’Afrique, vous pourrez participer à des game drives, des safaris en 4X4, ou à des excursions à pied, au lever du jour ou à la tombée de la nuit. Mais le delta de l’Okavango vous promet aussi un trajet inoubliable et unique en mokoro, cette pirogue traditionnelle en bois (de plus en plus remplacé par des matériaux modernes) qui se fraye un chemin parmi les hippopotames et les crocodiles. Vous serez alors au plus près de la nature sauvage…